L’identification des caractéristiques sexuelles, comme l’ensemble des traces liées au dimorphisme de manière générale, aide au regroupement des individus dans des classes pour lesquelles la bi-appartenance est impossible, et donc à leur caractérisation de plus en plus précise par dichotomies successives. L’identification de ces traces sexuelles est primordiale car elle est de nature à fournir un indice déterminant dans la conduite de l’enquête (ne décrit-on pas classiquement un individu en commençant par définir son sexe avant même de donner une indication d’âge ?). A nouveau, les anthropologues se sont attachés à définir, sur des populations d’étude dites de « références », la fréquence d’apparition de stigmates liés à une caractéristique sexuelle. Il existe cependant une particularité liée à ces indicateurs : il est possible de distinguer des stigmates primaires et secondaires, les premiers ayant une valeur d’indice bien supérieure aux seconds.
Les caractères primaires sont les empreintes fonctionnelles spécialisées qui dépendent d’une activité physiologique liée directement au sexe de l’individu. Ainsi, l’objet d’étude de l’anthropologue qui porte les traces les plus nettes est le bassin. En effet, il est très aisé d’interpréter la morphologie d’un bassin féminin en raison de la très grande implication de cet os dans les processus physiologiques propres à la femme que sont la gestation et la parturition. La valeur d’indice des traces y est très importante. Outre l’aspect dichotomique de la caractérisation dont nous avons parlé précédemment, l’identification et l’interprétation de l’indice fait avec un taux de fiabilité très élevé, autorise une diagnose sexuelle correcte dans plus de 95 % des cas.
Les caractères sexuels secondaires sont moins facilement identifiables et ont donc valeur d’indice moins importante. Ils résultent également d’un dimorphisme sexuel, mais leur caractérisation est moins nette. Ces traces font appel à des notions plus subjectives que les précédentes et ne sont qu’indirectement liées au sexe, comme la taille ou la robustesse des os : s’il est en effet plus fréquent d’observer des os plus robustes chez les hommes que chez les femmes, ceci ne constitue en aucun cas une caractéristique physiologique qui leur est propre. Ce n’est donc qu’en fonction de l’idée subjective que l’anthropologue se fera de ces traces qu’il pourra confirmer ses conclusions basées sur d’autres caractères primaires, mais pour des raisons de fiabilité, il ne choisira que très rarement d’interpréter formellement un caractère sexuel secondaire pour en faire un indice s’il peut accéder à un os porteur de caractères primaires.
Après avoir donné un indice concernant le sexe de l’individu, il est fréquent de donner une indication d’âge de manière à orienter l’enquête. Tout au long de la vie de l’individu, les caractéristiques biologiques du squelette évoluent, et il existera donc des signes liés à l’âge qui auront des valeurs d’indice différentes selon la phase de vie au moment du décès. Cette notion d’évolution biologique, de transformation de l’objet d’étude au cours du temps, confère aux traces liées à l’âge une caractéristique très particulière : elles ont plusieurs niveaux de valeur d’indice.